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Prostatite ou myoneuropathie pelvienne ?

Quelques faits

  • Les spasmes musculaires des muscles du plancher pelvien peuvent être la cause de plus de 90% des syndromes de douleurs pelviennes chroniques. Quiconque souffrant de prostatite chronique/syndromes de douleurs pelviennes chroniques (PC/CPPS) doit subir un examen du plancher pelvien, en plus de l'examen urologique, par un médecin expert en point déclencheur/myofasciaux.
  • Quand ils sont trouvés, les spasmes des muscles pelviens et les douleurs myofasciale peuvent être traités efficacement.

Introduction

Il est maintenant de plus en plus admis que les symptomes de la prostatite chronique abactérienne et des syndromes de douleurs pelviennes chroniques (CPPS) pourraient, en fait, n'avoir pas grand chose à voir avec la prostate, mais seraient reliés à des spasmes chroniques, raccourcicements et formation de points déclencheurs dans les muscles du plancher pelvien.

Dans l'édition d'Avril 2001 de l'Urology Times, Scott Tennant indiquait que "la simple idée que la douleur et les symptomes de la prostatite chronique ('abactérienne') puissent n'avoir pas grand chose à voir avec la prostate peut sembler incongrue à beaucoup d'urologues". Le livre récemment publié par les Dr Rodney Anderson et David Wise intitulé "A headache in the pelvis" (NDT: un mal de tête dans le pelvis) promeut le concept que les spasmes des muscles pelviens pourraient être très largement responsables des symptomes de la prostatite chronique abactérienne ou CPPS. De fait, de nombreux patients ont indiqué de très nettes améliorations de leurs symptomes résultant du traitement des spames musculaires pelviens tel que proposé par ce livre. Quel est donc la relation entre les spasmes des muscles pelviens et les symptomes de CPPS ?

Ai-je une prostatite ou un syndrome de douleurs pelviennes (myoneuropathie pelvienne) ?

Bien que quelques études ont montré qu'une minorité d'hommes avec des douleurs pelviennes chroniques aient peu d'inflammation (mesurée par le décompte des cellules blanches dans les sécrétions prostatiques), d'autres études se focalisant sur des marqueurs plus précis d'inflammation (les cytokines) ont démontré une inflammation dans la majorité des malades. Le mystère est : qu'est ce qui crée cette inflammation ? L'infection est mise de côté, bien que des travaux continuent dans ce sens, sans résultat jusqu'à présent pour démontrer que peut-être des nano-bactéries ou un virus furtif serait la cause. Mais les travaux récents sur les mastocytes et les nerfs ont montré un coupable bien plus probable : l'inflammation neurogénique déclenchée par les spasmes musculaires. Nous appelons ceci "myoneuropathie pelvienne" (myo = muscle, neuro = nerf, pathie = maladie). En Allemand "Myoneuropathischer Beckenschmerz".

Les spasmes des muscles du plancher pelvien

L'absence d'un problème clair dans la prostate elle-même a amené de nombreux chercheurs à chercher ailleurs la cause sous-jacente aux CPPS. Des urologues à l'université de Colorado ont étudié 103 patients avec une "prostatite chronique abactérienne". Quand ils ont palpé les muscles du plancher pelvien de ces patients, ils ont trouvé que 88% de ces patients avaient une "sensibilité myofascial" dans la région rectale, associée à une incapacité à détendre le plancher pelvien efficacement. Lorsqu'ils ont mesuré le comportement de miction via des techniques urodynamiques poussées, ils ont découvert que 92,2% de ces patients avaient des "dysfonctionnements des muscles du plancher pelvien". On peut en conclure deux choses : (1) que très peu de patients avaient une quelconque évidence d'infection dans la prostate elle-même, (2) que la majorité a des spasmes musculaires du plancher pelvien.

La question qui s'impose est : comment des spames chroniques des muscles pelviens peuvent créer les douleurs et difficulté à se vider (pendant la miction) que l'on observe typiquement chez les malades de CPPS ?

Les spasmes des muscles du plancher pelvien - Qu'est ce et comment cela peut-il aboutir aux symptomes de CPPS

Anatomie et fonctionnement

La première chose que nous devons considérer afin de répondre à cette question est l'anatomie et le fonctionnement du plancher pelvien. Comme vous pouvez le constater sur le diagramme suivant, le plancher pelvien est "accroché comme un hamac" à la base du pelvis (une explication plus détaillée de l'anatomie du plancher pelvien peut être vu ici).

schéma du plancher pelvien

D'après l'urologue et le spécialiste des douleurs pelviennes Jerome Weiss,

The plancher pelvien comporte le pelvis et les muscles ani-élévateurs qui sont entre le pubis et le sacrum. Il y a un groupe central de ces muscles qui entoure l'urèthre et le rectum. Sous ce plancher se trouvent également les muscles du sphincter entourant l'anus et l'urêthre. L'"obturateur interne" s'insérant sur l'os pubien peut avoir quelques effets sur l'urêthre.

schéma du plancher pelvien

Le Dr Weiss indique aussi que "... la vessie et le plancher pelvien fonctionnent de façon synchrone". Par exemple, lorsque l'on commence à uriner, on détend les muscles du plancher pelvien et le muscle lisse dans la paroi de la vessie se contracte. Lorsqu'on arrête, on contracte le plancher pelvien et on détend les muscles de la vessie.

Les points déclencheurs myofasciaux - relation avec les symptomes de douleur

Les causes sous-jacentes de ce dysfonctionnement musculaire sont les points déclencheurs myofasciaux, qui sont définis comme des points hyperirritables des muscles, qui propage la douleur et sont sensibles au toucher. La physiothérapeuthe Rhond Kotarinos indique qu'"ils peuvent être source de douleurs et peuvent être la cause de malfonction des muscles". Elle continue pour affirmer que les points déclencheurs sont "habituellement la conséquence d'un muscle qui est trop mis à contribution et qui a trop travaillé". Il apparait que quand un muscle est sur-chargé, que ce soit par des contractions inconscientes (souvent dues à l'anxiété) ou par des spasmes musculaires afin de protéger/bander, des points déclencheurs de développent dans le muscle. Cela peut alors entrainer des douleurs dans n'importe quelle partie du plancher pelvien, créant une grande variété de douleurs dans la zone comprise entre l'os pubien et le périnée et le coccyx. Le psychologue David Wise pense que les muscles pelviens deviennent contractés chroniquement sur un point déclencheur, ne laissant aux tissus irrités que peu de chance de guérir. Cela peut alors entrainer les symptomes associés aux CPPS.

Relation avec les symptomes urinaires

Il est possible pour les spasmes musculaires et les points déclencheurs de donner lieu à des symptomes urinaires de plusieurs façons. Les points déclencheurs du plancher pelvien peuvent avoir un effet sur la vessie et les nerfs associés augmentant la fréquence et l'urgence des besoins urinaires et via le déclenchement de douleur dans la vessie. De plus, si le plancher pelvien est incapable de se détendre correctement pendant la miction, cela va entrainer un affaiblissement, voire une "séparation" du jet urinaire. Le Dr Weiss affirme qu'il peut y avoir "une grande tension et une constriction autour de l'urêthre... De ce fait, les symptomes peuvent survenir du simple fait d'une tension". De plus, il y a des muscles dans le périnée responsables de la contraction plus forte à la fin de la miction, afin d'éjecter les restes d'urine du tract urinaire. Si ces muscles sont en plein spasme, ou s'ils ne peuvent plus fonctionner correctement, cela pourrait parfaitement être la cause de la "fuite" à la fin de la miction (NDT: c'est à dire le symptome très fréquent de la tache d'urine dans le sous-vêtement après la miction), ainsi que la cause d'un autre symptome très fréquent, la faible éjaculation.

Relation avec l'inflammation

Les patients atteints de CPPS ont des signes d'inflammation tels qu'un taux anormal de cytokin dans leurs EPS, et certains ont des modifications des parois de la vessie indicatives d'une inflammation neurogénique. Bien que les raisons à cela ne soient pas encore parfaitement comprises, le Dr Weiss pense que cela pourrait être du aux points déclencheurs du plancher pelvien :

Je pense que les muscles sensibles et fonctionnant mal du plancher pelvien stimulent les terminaisons nerveurs de la corde spinale adjacente aux terminaison nerveuse de la vessie. Le fait que la vessie et le plancher pelvien fonctionnent de façon synchrone montre qu'il y a des connexions nerveuses claires.
Quand les stimuli douloureux des muscles activent les nerfs de la vessie, des signaux repartent des nerfs vers la vessie. Quand cela se produit, les terminaisons nerveuses de la vessie libèrent des substances P et d'autres neuropeptides/neurotrametteurs qui entraine une dégranulation des mastocytes et libère de l'histamine, de la sérotonine et des prostaglandines. Toutes ces substances peuvent irriter la paroi de la vessie et rendrent la muqueuse de la vessie plus perméable, créant là les symptomes de la cystite interstitièle. [on suppose que ce même phénomène se produit dans la prostate]
Il existe deux études supportant ce concept. Szolcsanyi a stimulé les nerfs de la corde spinale d'un rat qui correspondent eux nerfs de la vessie et a pu créer une inflammation neurogénique comportant rougeur et gonflement de l'ouverture de la vessie/du vagin et d'autres organes pelviens. Lavelle a stimulé la glande sacrale et a augmenté la perméabilité de la paroi de la vessie d'un rat à l'eau et à l'urée. De ce fait, via ce mécanisme, la stimulation des muscles du plancher pelvien peut entrainer des modifications de la paroi de la vessie.

Plus récemment, Apodaca et autres ont pu montrer comment les nerfs peuvent perturber la paroi de la vessie et il y éxiste des études montrant que le stress peut entrainer des inflammations des tissues urogénitaux des mamifères.

Qu'est ce qui peut entrainer les Spasmes des Muscles du Plancher Pelvien/la Myoneuropathie Pelvienne ?

Il y a des nombreux facteurs possibles qui peuvent initier le cercle vicieux des spasmes et douleurs des muscles pelviens. Le Dr David Wise pense que de nombreux patients développent un CPPS suite aux tensions chroniques des muscles pelviens en réponse au stress et à l'anxiété :

Nous avons identifié un groupe de syndromes de douleurs pelviennes chroniques créés par la sur-utilisation de l'instint humain à protéger son appareil génital, son rectum et l'ensemble de la zone pelvienne des blessures ou douleurs en contractant les muscles pelviens. Cette tendance devient exagérée chez les individus prédisposés et entraine avec le temps les douleurs et disfonctionnements pelviens. Cet état de constriction chronique entraine des points déclencheurs propagateurs de douleur, une réduction de l'afflux sanguin et une environement inhospitalier pour les nerfs, les vaisseaux sanguins et les structures comprises dans le bassin pelvien. Tout ceci entraine un cycle de douleurs, d'anxiétés et de tensions qui n'ont jusqu'à présent ni été reconnues ni traitées. Comprendre cette douleur, cette anxiété et ces cycles de tension nous a permis de mettre au point un traitement efficace. Notre programme casse le cycle en réhabilitant les muscles pelviens raccourcis et les tissues connexes supportant les organes pelviens, tout en travaillant avec une méthodologie particulière à modifier la tendance à contracter les muscles du plancher pelvien sous le stress.

Le Dr Jerome Weiss nous propose une explication sur l'habitude humaine de tendre les muscles pelviens en réponse au stress :

Le plancher pelvien répond au stress. Comme les personnes souffrant d'IC (NDT: cystites intersitielles) savent, le stress va augmenter les symptomes. Le mécanisme de réponse peut être compris en regardant la queue d'un chien. Sa queue est le mirroir de ses émotions. Quand le chien est content, sa queue remue lattéralement. Quand il est stressé, sa queue est entre ses jambes. Les muscles du plancher pelvien sont les muscles bougeant la queue. Quand les hommes et les femmes ont perdu au cours de l'évolution leur queue, ils ont gardé les structures musculaires. Quand nous nous sommes redressés, ces muscles sont devenus supportifs au lieu d'être !!!wagger!!!. Mais, néanmoins, quand les humains sont stressés, leur queue tire vers l'avant ... le coccyx tire vers l'avant. Quand il tire vers l'avant, il compresse les organes qui courent à travers ses muscles et il les compresse contre l'os pubien.

Il apparait que cette contraction chronique rendent les muscles surchargés, ce qui entraine alors le développement des points déclencheurs.

Bien que les CPPS eux-mêmes n'impliquent pas d'infection, la prostatite bactérienne peut être un facteur initiateur chez certains patients. Bien que l'infection de la prostate puisse être traité avec succès par des antibiotiques, les spasmes musculaires protecteurs qui accompagnent l'infection peuvent sur-chargé le muscle, entrainant le développement de points déclencheurs myofasciaux, ce qui entraine des douleurs qui persistent longtemps après que l'infection soit guéri. Le physiothérapeute Rhonda Kotarinos illustre comment une situation similaire peut entrainer le développement des symptomes de la Cystite Interstitielle :

Un point déclencheur est une zone d'hyper-irritabilité du muscle, souvent causé par un muscle qui est sur-chargé et qui a trop travaillé. COmment cela affecte un patient souffrant d'IC ? Malheureusement, on ne sait pas toujours ce qui arrive en premier; l'oeuf ou la poule. Assumons dans cet exemple que nous savons. Un patient qui n'a jamais eu de symptome développe une vilaine infection de la vessie, avec culture positive. On le traite avec des antibiotiques, comme il le faut. Les symptomes sont, on le sait, fréquence, urgences et douleurs à la miction. Peut-être que la première prise d'antibiotique n'a pas suffi, on en prend une deuxième cure. Cela marche. Mais le patient a maintenant eu pendant 2, peut-être 3 semaines des symptomes horribles. Son plancher pelvien a travaillé très dur pour réprimer le sentiement constant d'urgence. Cela peut entrainer une sur-charge du plancher pelvien. Un point déclencheur se développe, ce qui entraine maintenant une diffusion des symptomes vers la vessie, ce qui laisse à penser que le patient a toujours son infection. Les cultures sont négatives.

(NDT: cela décrit exactement mon parcours)

Dans le scénario précédent, l'infection est guéri mais un processus de mécanique neurale et de sensibilité centrale s'est produit :

graphe de sensibilisation à la douleur

Cela entraine un cycle de douleurs qui se perpétue via les spasmes et entraine une seconde et mystérieuse inflammation de l'appareil uro-génital.

Autres déclencheurs

Parmi les problèmes souvent sous-estimés se trouvent les pelvis anormaux et les mécaniques du bas du dos. Après une chute, un accident ou une blessure, le pelvis et le bas du dos peuvent se retrouver désalignés. Si le pelvis devient alors instable, le plancher pelvien doit alors se contracter lorsqu'il ne le devrait pas pour stabiliser le pelvis. Cela peut aussi bien évidemment surcharger le plancher pelvien et entrainer l'apparition de points déclencheurs myofasciaux.

Le Dr Weiss liste plusieurs autres facteurs possibles initiateurs, par exemple "les habitudes de tensions dans le plancher de la vessie, une surcharge brève suite à un accident, une chute, une blessure au sport; des traumatismes directs dus au vélo, à l'accouchement, ou à la chirurgie ou à l'instrumation urologique/gynécologique; l'inflammation, du fait d'une urêthite, d'une prostatite, d'une cystite ou de fissures anales; douleurs provenant d'autres zones ou les viscères".

Pour des raisons encore inconnues, les personnes développant une myoneuropathie pelvienne sont bien plus susceptibles que la moyenne de souffrir d'allergies, de fibromalgie et de syndrome de fatigue chronique.

Quelquesoit le déclencheur initial, le résultat est le même : le développement de points déclencheurs myofasciaux et la sensibilisation les accompagnant du système nerveux, qui entraine des douleurs pelviennes et des dysfonctionnements urinaires.

Comment puis-je savoir si j'ai une myoneuropathie pelvienne ?

Il est important de comprendre qu'à ce stade, il y a de nombreux autres facteurs qui, bien qu'inhabituels, peuvent entrainer les symptomes des CPPS. Il est donc essentiel de voir un urologue et d'être examiné pour des conditions urologiques telles que strictures, infections du tract urinaire et prostatite bactérienne. Une fois que ces conditions sont apparues non révélantes (la plupart des patients), ou qu'elles ont été traités, il est alors essentiel d'avoir un examen du plancher pelvien complet, qui comprend deux parties : un examen manuel et un électromygramme des fonctions du plancher pelvien.

Le chercheur Dr Daniel Shoskes, spécialisé en prostatite, indique que "basé sur les conseils du Dr Rodney Anderson de Stanford, je palpe maintenant systématiquement les muscles du plancher pelvien avant de procéder à un examen de la prostate. Chez certains patients, ces muscles sont de façon évidente en état de spasmes, et l'appui sur ceux-ci déclenchent les douleurs".

Voici comment Rhonda Kotarinos décrit la façon dont elle pratique un examen complet du plancher pelvien :

Un examen pelvien a deux parties : un examn interne et un bilan musculaire par ordinateur. L'examen pelvien est centré sur la musculature et les tissues pelviens, pas sur les organes. Le plancher pelvien, aussi connu sour le nom d'ani-élévateur est examiné, particulièrement son fonctionnement. Le patient peut-il localiser le muscle et ne contracter que lui ? Ou use-t-il d'autres groupes de muscles pour l'aider à le contracter ? Ceci est appelé une substitution. Y-a-t'il des différences entre les côtés gauche et droit ? Y-a-t'il des points déclencheurs dans ces muscles ? Les points déclencheurs peuvent être une source de douleur et peuvent empêcher les muscles de fonctionner correctement. Le thérapeuthe va alors évaluer la capacité du plancher pelvien à se détendre avec une contraction. La capacité du patient à effecture une contraction prolongée en position de repos est aussi examinée. C'est ce qu'on appelle une contraction excentrique. Une contraction excentrique est le mouvement requis pour initier la miction. Durant l'examen interne, le thérapeute va aussi évaluer les autres tissues présents dans le pelvis, les tissues de connexion et les tissues nerveux notamment.
Il y a aussi d'autres muscles dans le pelvis qui sont en fait les muscles des jambes. Ils sont intimement liés aux muscles du plancher pelvien. Ainsi, si on subit un traumatisme à une jambe, on peut entrainer un effet domino qui va occasionner un problème du plancher pelvien. Il faut donc surveiller aussi ces muscles.
En plus de l'examen interne, il y a aussi l'évaluation assistée par ordinateur. Cette évaluation va mesurer la force que le muscle du plancher pelvien génèrent quand il se contracte et l'amplitude de son mouvement. J'utilise l'ordinateur pour obtenir des données objectives décrivant le plancher pelvien tout au long du traitement.

Peut on soigner les spames du plancher pelvien et les points déclencheurs ?

La bonne nouvelle est que la réponse est oui, bien que cela suppose un grand investissement en temps du patient, et un praticien expérimenté dans l'évaluation des points déclencheurs etdu traitement du plancher pelvien chez les hommes.

Relachement myofascial/Physiothérapie

Le relachement myofascial signifie que le physiothérapeute va "désactiver" les points déclencheurs du plancher pelvien et des muscles associés en appuyant dessus. Une partie peut être fait de façon externe, mais pour atteindre certains points, le thérapeuthe doit accéder à ces points en passant par le rectum. Cette technique consiste essentiellement à étendre manuellement les muscles raccourcis du plancher pelbien, les encourageant par là même à revenir à leur longueur normale. Jerome Weiss a publié ce papier dans lequel ces techniques se sont révélées très efficace dans le traitement des cystites interstitielles. Il est à noter que le plancher pelvien est intimement relié à plusieurs ligaments et nerfs pelviens, et que le physiothérapeute peut devoir s'occuper aussi de ces tissues, ainsi que de s'assurer de l'alignement correct et des mécaniques du bas du dos et du pelvis.

La relaxation paradoxale, ou utiliser l'esprit pour combattre la douleur

Le psychologue Dr Wise indique que

Le relachement myofascial et la relaxation paradoxale sont dans mon expérience tout autant nécessaire. Le relachement myofascial libère le plancher pelvien de sa contraction tandis que la relaxation tend à abolir la tension chronique qui a déclenché le problème en premier lieu. Je dis à mes patients que c'est une "guérison lente", pas une "guérison rapide". C'est un travail sur soi demandant beaucoup d'effort de la part du patient.

A propos de la relaxation paradoxale (une terme qu'il a inventé), il écrit

Il existe une astuce à la relaxation paradoxale, mais ce n'est pas intuitif. Il faut baisser son niveau d'accuité anatomique général. Plus particulièrement, il faut ressentir les contractions et s'ouvrir à la douleure. J'ai mesuré par électromyogramme l'activité de l'anus et j'ai observé que la tension se relachait presque toujours instantanément dès qu'un homme applique cette stratégie. J'ai réécrit les instructions sur la relaxation paradoxale dans ce sens.

Les exercices de Kegel et la stimulation électrique

Bien que les éxercices de contraction pelvienne (dit de Kegel) sont parfois recommandés pour les patients souffrant de CPPS, la plupart rapportent que cela aggrave leurs symptomes. Le Dr Wise a une opinion négative de ces exercices pour les patients atteints de CPPS. Certaines recherches suggèrent que la stimulation électrique peut avoir un rôle positif sur les muscles du plancher pelvien dans le traitement des CPPS, mais le Dr Wise a une vue similairement négative sur l'utilité de ces stimulations comme option thérapeutique.

Bioréponse

Lorsque l'on parle de CPPS, le terme "bioréponse" est parfois confondu avec les exercices de Kegel, mais la bioréponse est fait tout simplement la visualisation par le patient d'une fonction biologique sur ordinateur. Dans le cas des CPPS, les patients peuvent avoir un retour de la tension de leurs muscles du plancher pelvien et peuvent apprendre à distinguer tension et relaxation de ces muscles. Certains physiothérapeutes ont rapporté un certain succès via cette approche couplée au relachement myofascial, bien qu'il soit important de rappeler que la stratégie précise de bioréponse doive être basée sur l'examen assisté par ordinateur du plancher pelvien du patient; il n'y a pas de stratégie globale. Cette recherche a montré que la bioréponse apporte une bénéfice thérapeutique certain dans le traitement des CPPS. Néanmoins, le Dr Wise a de profonds doutes sur son efficacité chez les hommes.

Médicamentations anti-douleurs

Plusieurs médicaments anti-douleurs peuvent apporter un certain bénéfice aux patients atteints de CPPS dont les symptomes sont causés par des spasmes des muscles du plancher pelvien. Le Dr Shoskes indique ainsi qu'il a "obtenu un certain succès avec la Neurontin et l'Elavil chez ses patients".

Tant que des recherches plus profondes n'auront pas été effectuées, il est impossible d'affirmer quel type de traitement fonctionne le mieux. Il est possible qu'une combinaison personnalisé à chacun des stratégies ci-dessus soit idéale, bien que le relachement myofascial et les exercices de relaxation du plancher pelvien apparaissent comme étant la pierre centrale d'un traitement réussi.

Autres médicamentations

L'effet final de la myoneuropathie pelvienne est l'inflammation des tissues de la région uro-génitale. Cet effet final peut être traité avec des médicaments comme l'Elavil, mais aussi grâce à la phytothérapie : le Prosta-Q, le Q-Urol et le Cernilton. Les benzodiazépines (le plus efficace dans ce cas étant le Valium, nom générique le diazepam) sont aussi utilisés à courts termes ou en prise sporadique lors des crises afin de calmer les spasmes musculaires, en combinaison avec des bains chauds. Une dose de 5mg une fois tous les trois jours, ou moins afin d'éviter la dépendance est recommandée.

Trouver un praticien

Dans un monde idéal, vous visiteriez un urologue qui effecturait les examens nécessaires, y compris une évaluation des muscles du plancher pelvien, et qui vous enverrait alors chez un physiothérapeute spécialisé dans le traitement des douleurs pelviennes, ainsi qu'à un spécialiste de la douleur si nécessaire. Bien qu'il existe quelques rares urologues qui le fond, la plupart ne le fait pas. Ce qui signifie que la tache de naviguer à travers le système de santé, et de trouver le traitement idéal est à la charge du patient, qui devra trouver un physiothérapeute et les références appropriées. Néanmoins, il est important de trouver quelqu'un pour vous aider et vous guider dans vos recherches du traitement adapté. Cela peut être le médecin de famille, un urologue ou un spécialiste de la douleur, mais le point le plus important est de trouver quelqu'un qui soit prêt à vous écouter et à apprendre votre condition. Par exemple, apporter un des articles référencé en bas de page à un médecin de famille ouvert et aidant peut être un bon point de départ. (NDT: il est à espérer qu'un jour ce site web pourra constituer un tel document)

(NDT: la suite de ce paragraphe est destiné aux habitants des USA. Malheureusement, en France, la tache est bien plus difficile, et les recherches par divers malades français restent laborieuses, bien que des progrès soient effectués. J'espère pouvoir un jour recenser ici des médecins appropriés)

Trouver un thérapeute au point sur ces pratiques peut constituer un véritable challenge. A l'heure actuelle, il n'existe pas de base de données complète et internationale des praticiens qualifiés. Néanmoins, une approche simple est d'utiliser les pages jaunes et d'appeler les cabinets de physiothérapeutes (NDT: plus connus en France sous le nom de kinésithérapeutes) jusqu'à en trouver un expérimenté et qualifié dans les techniques de relachement myofascial du plancher pelvien (NDT: en France, c'est plus ou moins mission impossible de cette façon, les techniques de relachement myofascial étant moins pratiquées, d'autant plus du plancher pelvien). De plus, l'IC Network a une base de données des physiothérapeutes qualifiés et l'International Pelvic Pain Society (NDT: Société Internationale des Douleurs Pelviennes) a une base de données des praticiens. Une autre option est d'amener les informations relatives à votre condition à un physiothérapeute en qui vous avez confiance, qui a par exemple pu vous traiter par le passé pour un autre problème, et lui demander s'il serait intéressé par apprendre les techniques de relachement myofascial du plancher pelvien. Beaucoup de physiothérapeutes connaissent les techniques nécessaires, ils n'ont juste jamais pensé à les appliquer aux douleurs myofasciales du plancher pelvien.

Pour ceux qui ont la chance de pouvoir s'y rendre, le Département d'Urologie du Centre Médical de l'université de Stanford offre un programme intensif pour le traitement des prostatites de désordre de tension et des syndromes de douleurs pelviennes chroniques. Les patients sont acceptés dans ce programme une fois que le staff a comparé leurs symptomes avec les profils de symptomes qui indiquent un diagnostique possible de prostatite de désordre de tension. Le traitement va prendre de 5 jours à 3 semaines, en fonction du calendrier et de la disponibilité des équipes de Stanford. Voir ici pour plus de détails.

De plus, l'équipe de Stanford offre maintenant des séances de formation aux physiothérapeutes dans le traitement des CPPS. Le Dr Wise présente en outre une série de séminaire sur la "Relaxation Paradoxale" pour les patients. Il est à espérer qu'au fur et à mesure que ce protocol de traitement devienne plus répandu, de plus en plus de physiothérapeutes soient au point sur ces techniques.

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